Quelles conséquences pour le paysage local ?

Pas encore opérationnel, et pourtant déjà maudit diront certains, le RER semble avoir dénaturé les communes rurales du centre de la province. Et sa mise en circulation reste incertaine.

Genval (chantier RER)Les travaux liés au RER semblent, pour grand nombre de citoyens et de politiques, interminables. Les échéances ne cessent de reculer, avec une concrétisation prévue au mieux en 2025. Mais en pratique, sur le terrain, quels sont les impacts réels provoqués par l’arrivée future du RER ?

Deux lignes sont concernées : la ligne 124 (Bruxelles-Nivelles) dont 30 % des travaux ont été finalisés et la ligne 161 (Bruxelles-Ottignies) dont 65 % des travaux ont pu être effectués. Dans l’enveloppe allouée au fonds RER en Wallonie (la Flandre boucle actuellement le chantier), il manquerait 723 millions d’euros pour finaliser ces deux lignes. Information qui a poussé la ministre de la Mobilité Jacqueline Galant (MR) à annoncer, durant quelques heures au début du mois de février, l’abandon de la mise à quatre voies des lignes wallonnes.

Cette annonce a bien entendu suscité de vives réactions du côté des politiques, tant de ceux des villes et communes concernées par les travaux du RER que des autres. Au final, l’offre de mobilité en Brabant wallon concerne tous les habitants de la province. La rétractation de la ministre ne s’est pas fait attendre.

“Inconcevable”, d’après de nombreuses personnalités de tous bords. Et pour cause : les travaux déjà entrepris ont laissé de douloureuses traces sur le paysage de la province… Des communes bétonnées et le caractère rural de certains villages complètement mis à mal. L’exemple de Profondsart est criant de vérité : déplacement de la gare, bétonnage sur près d’un kilomètre là où les vaches pâturaient autrefois paisiblement, création d’un parking de 70 places… bref, le changement y est radical.

Du côté de Genval et Rixensart, les modifications du paysage sont également impressionnantes. “Certains travaux ont amélioré le quotidien de Rixensart, notamment en termes de mobilité, explique Jean Vanderbecken, le bourgmestre (MR). Mais cela a quand même dénaturé notre commune. Il y a trop de béton, des jardins ont été décapités, des gens expropriés, un long mur gris longe maintenant les habitations. Le charme d’antan s’est envolé.”

Même constat à La Hulpe, où le bourgmestre Christophe Dister (MR) s’est indigné des propos de Jacqueline Galant. “La Hulpe et le Brabant wallon ont été clairement défigurés par le RER”, a-t-il lancé. Et de pointer les nuisances infligées aux riverains ainsi qu’un changement important du paysage rural où, par exemple, des voiries ont été créées à travers champs.

À qui profite le crime ? Principalement, à l’heure actuelle, aux automobilistes. Les ponts et tunnels ont été agrandis pour permettre une plus grande fluidité du trafic des voitures… mais pas la circulation du RER.